mardi 13 août 2013

Voyage au bout de l'enfer



11 août :

Départ pour Kuélap. 37Km de piste cahotante, avec des précipices vertigineux, mais chut...
Il nous faudra pas moins d'une heure et demi pour découvrir enfin le parking. Après quelques centaines de marches et quelques hectomètres nous atteignons le site.

Kuelap est une citadelle construite au Xe siècle par les Chachapoyas,. C'est un des plus beaux sites archéologiques des Andes et l'une des plus importantes constructions pré précolombiennes en pierre du continent.
Le site se compose de plus de 500 vestiges d'habitations et représentait à l'époque, une population de plus de 4000 personnes.
Pour en savoir un peu plus :





 Les 2 premières entées recto verso.







La tour de guet











Habitation reconstituée


Cône inversé, reste du temple










Nous redescendons pour rejoindre Leimebamba et son musée. La descente s'effectue à la même vitesse que la montée. Les pluies de la veille font que le 4x4 est couvert de boue, aussi vers 14h30 nous nous arrêtons au bord d'une rivière pour grignoter et décrotter le Land.
La route de Leimebamba, bien que revêtue, et légèrement en surplomb de l'eau, est piégeuse car elle ne permet pas toujours à 2 véhicules de se croiser. Il y a fort à parier que comme pour nous, hier, l'histoire se répète. La rivière grignotera, la route s'effondrera et pendant les remblaiements le touriste et le péruvien attendront.

Signalé par 3 fois, ce qui est exceptionnel, nous trouvons le musée alors que nous ne l'attendions plus ; le village étant largement dépassé. Dans un cadre agréable, il offre des matériels archéologiques très riches et bien documentés. Là encore, momies, et autres totems révèlent les rites mortuaires des Chachapoyas. Méconnu par les touristes et les guides, nous avons découvert ce musée grâce à un quidam soucieux de valoriser sa région.














Nous apprenons en arrivant à Leimebamba, que la route qui va jusqu'à Cajamarca, et que nous devons prendre, est coupée tous les jours sauf le dimanche, pour grands travaux.
 
Nous décidons de faire la route d'un trait. Très rapidement la route s'élève jusqu'à 4685 m. Le soleil couchant affecte notre vision. Tantôt l'éblouissement à ne plus voir la route et rouler au pas, tantôt la pénombre qui nous permet d'atteindre les 20 km/h et deviner les précipices que nous côtoyons.

La largeur de la route, tantôt goudronnée, tantôt poussiéreuse et défoncée, tantôt tracée n'offre qu'une largeur d'environ 3m, incompatible à tout croisement en dehors des rares surlargeurs. A contrario, les zones qualifiées d'étroites (angosta) nous rappellent toute la véracité de la citation  « ad augusta per angusta » (atteindre des sommets par des voies étroites).

A partir de 19 h 00, l'obscurité enveloppe le Land et nous plonge dans l'univers du faisceau de phare. Là, comme dans Vol de Nuit, nous nous accrochons aux rares lumières éparses qui laissent supposer que la vie est encore présente. La descente, loin de nous délivrer, nous propose après 2600 m de dénivelé négative, une nouvelle ascension pour atteindre plus de 4300 m.

Nous commençons à désespérer d'autant que pour le téléphone cellulaire, aucun tracé n'existe et que le Garmin nous situe sur un chemin qui semble sans fin.
La descente suivante nous permet de rejoindre Balsas. Alors que nous pensons être presque arrivés, un panneau nous signale que 65 km nous séparent de Celendin et qu'il en faudra 130 de plus pour atteindre Cajamarca.

Le pont enjambant le fleuve franchi, la route serpente parallèlement à la rivière pendant une trentaine de km. S'ensuit une nouvelle ascension qui nous ramène à 4000 m et les kms qui suivent nous laissent peu d'espoir quant à la redescente. En effet, le GPS indique que nous circulons entre 4000 et 4300 m. 

Au bout d'une heure, alors que l'espoir nous abandonne, nous découvrons avec soulagement les lumières de la ville de Celendin. Avec la descente, notre soulagement est proportionnel à la dimension des lumières qui grandissent.
A peine avons-nous atteint les faubourgs, que la route disparaît au profit d'un vaste chantier nous amenant à circuler à tâtons entre les tas de terre et les tranchées.

Une fois encore le GPS nous permet de trouver la direction à prendre. Immédiatement la route s'élève encore et encore … Les chantiers se succèdent et des mâts d'éclairage brillent de tous leurs feux sur les parcs à engins échelonnés le long de l'axe. Malgré les travaux, nous parvenons à rouler à 30km/h, sauf quand le brouillard réduit la portée des codes à sa plus simple expression.

Alors que le compteur nous situe à une quarantaine de km de Cajamarca, un panneau de déviation nous oblige à quitter l'axe ténu du GPS pour aller plein sud. Nous nous engageons sur un chemin qui descend en pleine pampa. Le Garmin capitule à son tour et nous situe dans un nomansland au milieu de nulle part. Le curseur qui nous représente sur l'écran s'oriente tantôt à gauche, tantôt à droite et nous commençons à penser que la rencontre avec une intersection nous contraindrait à l'arrêt jusqu'au lever du jour. Dans ce cas, nous aurions fait tout ça pour rien.

Après plus d'une demi-heure de descente, le pointeur tend à s'orienter vers l'ouest et à revenir vers la piste répertoriée dans le GPS. Sans un mot, nos regards quittent le faisceau de phare vers l'écran pour vérifier que l'issue est proche.
Il faudra encore 20 minutes avant de voir le curseur rejoindre la trace et découvrir une route asphaltée, élargie redressée par endroit et allant vers Cajamarca. Il est 23h30 quand nous apercevons au loin les lumières de la ville.
Le premier chemin propice au bivouac est le bon. Ouf ! Bonne nuit ! En espérant qu'elle ne soit pas cauchemardesque compte tenu de ce que nous venons de vivre !!!

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