Lundi 6 mai, fin de matinée. 600 km en
amont et à l'ouest de Macapa.
Après avoir fait le plein en gazole et
en devises, nous nous élançons enfin vers le sud sur la BR 163.
et offre quelques rares tronçons
revêtus pour détendre nos disques intervertébraux malmenés.
Après 185 km nous atteignons Ruropolis
et obliquons à l'ouest sur la Trans-amazonienne pour une centaine de
km.
Bizarrement, bien que non goudronnée,
elle permet de rouler un peu plus vite (65 km/h).
Dés notre retour sur la BR 163, le
cauchemar reprend. Décidément, le chantier est immense et les
crédits de l'Etat du Parà bien insuffisants.
Nous sommes secoués comme un prunier
et prudence oblige, la moyenne redescend aux environs de 30km/h.
Vers 17h00, au franchissement d'une
crique, c'est le déclic. Le Land disparaît dans la forêt bien qu'à
moins de 15 m de la lisière, et nous nous consacrons à une séance
lessive, baignade et relaxation.
Au matin, le calvaire reprend très
rapidement. Les secousses sismiques nous accompagnent toute la
journée. Vers 16h00, un bruit nouveau et supplémentaire devient de
plus en plus perceptible. Nous nous arrêtons pour tenter un
diagnostic. Le résultat tombe rapidement. Rupture de la barre avant
de la galerie à gauche et à droite. Les roues de secours et les
secousses en sont la cause et non les ans de Monsieur de la Fontaine
(le chat, la belette et le petit lapin).
A Moares de Almeira, nous trouvons le
brésilien idoine pour effectuer une réparation de fortune.
Efficace, satisfait de notre implication, descendant de germain, il
refusera tout paiement.
45 minutes plus tard, nous entreprenons
la quête d'un bivouac et, chose faite, rejoignons une poussada pour
manger. Imaginez quelle est notre joie en découvrant une pizzeria
dotée d'une connexion wifi ?
Après une nuit de repos, cap au Sud
vers Novo Progresso qui se situe à une centaine de km dont 50 de
pistes.
Il nous aura fallu avaler (de travers
parfois) 800 km de piste depuis Santarem pour atteindre la frontière
entre les Etats du Parà et du Mato Grosso.
Les rares villes ou village sont d'une
originalité certaine : les enseignes se suivent et se
ressemblent.
Pneus, amortisseurs, roulements,
freins, injecteurs, turbo, soudure, électricité auto,
climatisation, pare brise, pièces neuves et occasion, etc …
ont leurs réparateurs et ils se succèdent, sans cesse, selon un
désordre bien établi mais ils y sont tous et tout le temps.
Pas étonnant quand ce que nous
qualifions de ralentisseur s'appelle « quebrada moulas »
soit littéralement : « casse ressort ».
A la sortie du Parà, contrôle de la
police fédérale. Comme nous n'avons volé ni nid de poule, ni
ornières, ni tôle ondulée, le passage s'effectue assez facilement.
Avec le Mato Grosso, le paysage change.
La forêt laisse la place à l'agroalimentaire à l'américaine.
Maïs, sorgo, mil, sojà, coton, canne
à sucre, etc occupent le terrain, à perte de vue.
L'élevage zébu, bœuf, émeu se
diversifie également.
Même la route change. Elle n'est pas
plus large mais elle est souvent revêtue bien que les panneaux « fim
do asfalto » fréquents nous donnent des sueurs froides car nous ne pouvons savoir à l'avance si notre prochain supplice va durer
200 m, 2 km, 20 km ou plus.
Il faudra attendre de rejoindre Cuiabà
pour que l'asphalte soit enfin une réalité quasi permanente.
Revers de la médaille, l'amélioration
de la voie et l'activité induisent un trafic routier en forte
hausse.
Les camions sont bien plus nombreux que
les voitures et leurs caractéristiques font qu'ils dégradent les
chaussées très rapidement. Articulés, dotés de 6 à 9 essieux,
d'une longueur pouvant atteindre 30m, ils détruisent les routes plus
rapidement qu'elles ne sont créées ce qui occasionne de longs
ralentissements ou arrêts pour travaux de réfection ou plutôt de
pétassage.
Pour nous remettre, nous décidons de
passer 2 jours à Cuiabà, à l'hôtel. Cette pause est l'occasion
de reconditionner l'équipage, son linge et son carrosse (6 rivets
remplacés, 2 boulons perdus remplacés, resserrage silentblocs tirant
de pont, permutation des roues et surtout lavage).