4 septembre
Nous quittons Sucre pour rejoindre le
cratère de Maragua (Marawa). Ce cratère, curiosité géologique, est
certainement dû à l'impacte d'une météorite. Dans les contreforts
aplatis, on trouve de l'obsidienne.
A peine sortis de Sucre, nous sommes
arrêtés pour travaux. La route ne sera rendue à la circulation
qu'entre 12 et 13h. Patrick en profite pour faire les niveaux, et
nettoyer le filtre à air.
L'agitation autour des bus et camions
benne, laisse supposer une ouverture prématurée. En effet, vers
11h30, nous reprenons la route.
Arrivés à Punilla, nouvel arrêt. Une
corde en travers interdit tout passage. Conducteurs de bus et de
camions entament un concert de klaxon.
Au bout de quelques minutes,
un agent rejoint la guérite puis remonte la colonne. De retour à
son poste, les conducteurs se déplacent vers la guérite pour
présenter un document dont nous ignorons tout, d'autant qu'il ne
nous a rien demandé. Peu de temps après, la colonne s'ébranle et
nous passons sans difficulté le barrage.
La route qui grimpe vers Chaunaca est
empierrée sur quelques km, puis laisse la place à une piste en
terre.
Ce lieu est également témoin de faits historiques, notamment l'assassinat du leader indigène Tomas Katari.
Compte tenu de l'heure avancée et du débit de la source où nous avons mis notre bidon à remplir, nous cassons la croûte.
Au redémarrage, la piste est très
escarpée et nous nous hissons aux alentours de 3700 m. Le col
franchi, la descente s'amorce et offre des paysages de montagne
relativement classique jusqu'à ce que, au détour d'un lacet, nous
ayons une vue sur le cratère. Malheureusement pour nous, la brume de
chaleur voile un peu ce paysage extraordinaire que nous vous
proposons.
Le cratère de Maragua, vu par satellite |
Situé à l'intérieur du cratère,
Maragua fait partie des villages Jalq'a qui abritent une population
rurale de langue quechua vivant de cultures et de la production
ancestrale du tissage.
Leur savoir-faire unique se perdait peu
à peu. Des ethnologues boliviens et étrangers sont intervenus pour
les aider à récupérer des pièces anciennes et créer des ateliers
avec des métiers à tisser.
La population s'est donc mise à la
tâche avec entrain et le musée du Textile à Sucre (que nous avons visité hier)
offre une belle vitrine pour afficher leurs œuvres.
Malheureusement, très vite, les
subventions qui devaient servir à améliorer leurs conditions de
vie, ont commencé à se diluer dans un réseau d'intermédiaires
mieux placés dans l'échelle sociale.
Ainsi toutes les belles promesses des pouvoirs publics et des ONG (moyens de transports, réseau routier,
dispensaires ….) n'ont jamais vu le jour.
Reliés à la ville (Sucre), par une
piste impraticable en saison des pluies, ces villageois manquent
d'électricité et d'eau courante. Pour l'instant, les Jalq'a n'ont
pas d'autre choix que de compter avec le tourisme pour assurer leur
survie.
Après avoir sillonné les pistes du
cratère, nous revenons vers le village. Peu avant celui-ci une femme
nous fait des signes et se met à courir derrière le 4x4. Patrick
s'arrête et fait marche arrière à sa rencontre. Contact établi,
elle nous propose de visiter le musée constitué de 4 cases en adobe
reliées par un mur d'enceinte.
Du fait de notre acceptation, elle
repart en courant chercher les clés, tandis que nous garons le Land.
Arrivés dans la première cabane
dédiée au textile, elle nous propose de remplir l'habituel registre
avec noms, âge et nationalité. Quelle n'est pas notre surprise de
voir que la dernière visite remonte à 2011 ! Elle fut d'ailleurs le
fait d'un jeune couple français.
Les trois autres cases sont dédiées
à l'agriculture, aux pierres et fossiles et aux poteries et
céramiques.
Nous y avons trouvé de belles pièces
exposées sur des tréteaux et des tables. Ici point d'interdiction,
on peut regarder, toucher sans restriction.
Afin de faire notre BA, nous achetons
une ceinture tissée par notre hôte.
Ereintés par 5 nuits d'hôtel (lol), nous décidons de nous arrêter pour bivouaquer au bord du Rio Ravelo.
5 septembre
Après une nuit paisible, nous entreprenons un petit déjeuner au bord de l'eau. Quelques oiseaux et un groupe de canards nous offrent le spectacle de la chasse pour la survie.
La route jusqu'à Potolo est en terre mais ne présente pas de difficulté compte tenu de la saison sèche. Les radiers en béton et les zones fortement érodées laissent supposer que le même voyage par temps de pluie ne doit pas être une sinécure s'il est possible.
Arrivés sur la place du village, Patrick est accaparé par un homme d'une trentaine d'années qui le prend dans ses bras et sollicite une même étreinte. Tiré vers un banc public, il s'assied à côté de l'homme et l'enlace. L'homme l'appelle "Papa" et l'issue est incertaine ...Heureusement, une femme intervient et explique qu'il est muet et un peu dérangé. Elle lui demande de cesser avant que Patrick n'utilise un imaginaire ceinturon.
La séparation réalisée, nous suivons la personne vers le musée qu'elle nous fait visiter avec de nombreuses explications.
Sur le chemin du retour nous profitons d'un ensoleillement différent pour refaire quelques clichés du cratère de Maragua.
Le choix étant impossible, mais l'abstention prohibée nous profitons d'une connexion de qualité pour vous en livrer toute une série.