samedi 11 mai 2013

C'est encore loin, l'Amazone ?


Le jour commence à poindre et le départ est proche. Quitter Vitorio do Jari et prendre la troisième à gauche. La troisième quoi ? Faute de carte, de panneau et de renseignements nous démarrons prudemment en essayant de compter ce qui pourrait être comptabilisé.

Après quelques kilomètres, il semble que l'on puisse compter les traversées de rails. Arrivés à hauteur du troisième passage, nous nous arrêtons et attendons le premier véhicule. Après avoir loupé un bus lancé à vive allure, une voiture s'arrête. En anglais, il nous est confirmé que l'issue est par là.



C'est donc reparti pour théoriquement 136 km. Nous en ferons 200, of course.



Les pistes se suivent et se ressemblent mais nous sommes rassurés par la présence des petits hommes rouges qui assemblent des pylônes en kit probablement déposés préalablement par hélicoptère. 
Eux circulent avec des vieux BJ châssis long de chez Toyota. Et dire que la veille, nous avions cru à un rassemblement de passionnés un peu déjantés et rétro.


Bien que rare, la signalisation est parfois surprenante, n'est-il pas ?




Le Land suit la piste du GPS de façon assez générale et soudain un doute nous assaille. Si nous avions franchi à Laranja do Jari (le segment interrompu en haut et au centre de l'écran) et avions fait route au sud, n'aurions nous pas évité le cauchemar qui nous conduisit à Vitorio (le petit drapeau) et à la perte de nos bidons de gazole ? La réponse est a priori oui, mais bon, les renseignement glanés stipulaient franchissement à Vitorio, alors !






Amazone nous revoilà ! C'est ici, à partir d'Almeirim, que nous nous attaquerons à ta traversée.

Apocalypse now.

Le Président du club Land Rover de Cayenne nous en avait parlé et cela s'est rapidement confirmé.

Traverser l'Amazone à partir de Macapa ne pose pas de problème en soi si l'on accepte d'être séparés.
La voiture sur une barge, les passagers sur un autre navire ou voiture et conducteur sur une barge et le passager rejoint par avion, etc...

Or, nous voulons rester groupés et cela ne peut s'envisager qu'à partir d'Almeirim. C'est pourquoi, nous prenons la piste en direction de Vitorio do Jari, pour franchir l'affluent ainsi prénommé, et rejoindre Almeirim afin d'y trouver un moyen de franchissement discontinu, la brèche étant particulièrement humide et large.

Le plein de gazole étant fait, nous quittons Macapa la bruyante et la tumultueuse (ici les décibels sont rois, les TV hurlent, les sono répondent et il ne se fait aucune activité hors de cette cacophonie inaudible et assourdissante, mais nous y reviendrons) en ce jeudi 2 mai, pour nous replonger dans le silence (relatif) de la forêt amazonienne.

Comme toujours, le démarrage et jovial.








Au bout de 300 km de piste interminable,


de séances "Orangina, secouez-moi",




de grincements du land, du vacarme du moteur, de la pluie, de la poussière, le moral est en berne.




  Il est 14h40 lorsque nous parvenons à Laranjal do Jari (45 km/h de moyenne).






Après une collation sur le pouce, c'est le départ vers Vitorio do Jari (34 km). A peine sortie du village, il nous est offert un remake de "Apocalypse now". La piste disparait. Des montées dantesques et des ornières abyssales deviennent notre lot au point de se dire que nous nous sommes sûrement égarés mais aucun demi-tour n'est envisageable.

La boîte de transfert et le blocage de différentiel permettent au land rover de progresser sur les 3 premiers rapports. Il est balloté de droite à gauche et les grincements des ressorts et des amortisseurs nous le rappellent à chaque tour de roue.

Dans ce vacarme, l'équipage est silencieux, concentré et oppressé par les perspectives d'un éventuel arrêt ou pire, d'une glissade dans une ornière sans fond, d'autant qu'une pluie intense s'est invitée et que la buée a la fâcheuse tendance d'opacifier pare brise et vitres latérales.
NDLR : C'était pas du gâteau donc pas de photos

Après une dizaine de km, la pression retombe. La piste traverse maintenant des plantations d'eucalyptus et les profils en long et en travers sont redevenus normaux.



Quel soulagement de voir l'entrée de Vitorio do Jari et le soleil au déboucher de la plantation  !

Nous voilà maintenant dans un village lacustre mais pas d'embarcadère en vu.




Heureusement, un autochtone poussé par un de ses concitoyens nous sert de poisson pilote jusqu'au bac.
Alors que le land est embarqué, je constate que la cantine sur le toit n'est plus attachée. De ma position, je pense à une rupture de la sangle mais une fois sur la galerie, force est de constater que la sangle est intacte. Par contre, les 2 bidons de gazole qui flanquaient la cantine de part et d'autre ne sont plus là.

C'est en souriant que Sylvie fait référence aux Duponts de Tintin et Milou  (L'or noir, je crois) et déclame que si nous n'avons pas retrouvé nos bidons, c'est parce que nous ne nous sommes pas perdus.

La traversé du Jari est une formalité et sur l'autre rive, nous faisons rapidement le plein en transformant un bidon d'eau en bidon à gazole.

Après un agréable repas dans une structure familiale, nous plongeons rapidement dans les bras de Morphée, émotions et fatigue obligent.

vendredi 10 mai 2013

Good Morning BRAZIL !

Formalités terminées, repas pris (Churrascaria), plein fait (diesel commun), nous nous élançons vers Macapa.
Dès la sortie de la ville, la surprise est réelle. Une route correctement asphaltée nous permet d'avaler les kilomètres alors que nous avions parcouru 40 km en 1heure en 2003.



Après une centaine de km, la latérite reprend ses droits et les souvenirs remontent à la surface.


La forêt primaire, bien que malmenée, livre par-ci par-là, ses derniers combats.


La route se poursuit sans que rivière ou crique ne puissent l'empêcher


Même le soleil se met de la partie et nous atteignons Calçoene.



Le lendemain, ce sont  les retrouvailles avec l'équateur à Macapa et l'Amazone, fleuve mythique, qui nous barre désormais la route.

Le monument du point "zéro"

La ligne de l'équateur matérialisée au sol sous le monument

L'avenue de l'équateur dans le prolongement de la ligne

L'Amazone à marée basse : Foot et baignades côtoient transports lourds

A marée haute, le transport profite des hauts fonds





















Interlude

Arrivés à Saint Georges de l'Oyapock le samedi en fin de matinée, notre premier réflexe est de contacter Luis, le patron brésilien de la barge, susceptible de nous faire traverser. (Why ? Sunday closed dirait Fernand Reynaud).

Après plusieurs tentatives, un contact est enfin établi mais il est d'aussi mauvaise qualité que notre portugais est approximatif ce qui ne présage rien de bon d'autant qu'il est interrompu et que tous les rappels échouent.
Il est midi, l'heure du repas est proche et nous nous dirigeons vers "chez Modestine".



Elle n'est plus là mais son établissement de pionnière perdure.


Nous voilà donc face au fleuve et au Brésil dans l'expectative.



Le contact établi devrait permettre à Luis de savoir qu'une traversée de véhicule a été demandée mais que ce passera-t-il ?
Nous convenons, selon la théorie du verre à moitié plein, de faire une pause et de nous pointer lundi matin, à la première heure, à la douane puis au dégrad.
Si la barge arrive nous la prendrons. Le tarif étant proportionnel au nombre de véhicules, ce sera 200 euros si seuls, 120 si deux véhicules, 100 si trois etc...
Si la barge ne vient pas, il nous faudra alors franchir par pirogue jusqu'à Oiapoque pour aller rencontrer Luis et organiser notre traversée de vive voix, une gageure !


Lundi 7h00 : Bonjour la douane ! Histoire de détendre l'atmosphère pluvieuse, nous abordons le sujet de l'ouverture du pont et du transfert vers les nouveaux locaux.
Le verdict est sans appel : le pont ne servira à rien et ne changera rien, donc... Salutations et direction le dégrad (plan incliné pour mise à l'eau ou embarquement en langage guyanais).

7h45 : un véhicule s'immobilise derrière le nôtre. La discussion qui s'en suit nous permet de savoir que ce couple tombé du ciel a réservé et compte rejoindre Macapa dans la journée pour prendre l'avion vers Belem, à minuit, pour aller au salon du livre.
Notre soulagement est immense.

7h50 : Un troisième véhicule s'inscrit dans la file et comble du bonheur, le bruit caractéristique du moteur de la barge nous parvient distinctement.

Quelques minutes plus tard c'est l'embarquement, puis les formalités douanières et administratives côté brésilien et enfin, cap au Sud, vers Calçoene et Macapa.



Un pont trop loin ? Un pont pour rien ?