samedi 29 juin 2013

Direction Pérou et nouvelles galères

Mardi 25 juin : La Paz.

Il est un peu plus de 9h00 quand nous récupérons le land au parking.
Au démarrage, la pédale d'embrayage affiche une mollesse inquiétante.
Nous prenons néanmoins la route et l'ascension vers Alto se passe bien. Arrivés au sommet, nous rencontrons des embouteillages ce qui conduit à solliciter l'embrayage qui se montre de moins en moins coopératif.
Malgré cela, nous parvenons à nous extraire du bourbier et filons vers Tiwanaku comme prévu.



C'est en arrivant à proximité du site que l'embrayage nous tire sa révérence.




Immobilisés en bord de route, dans un paysage semi désertique balayé par le vent, nous nous attelons à réparer. Il est environ 11h00.
Le problème d'embrayage est plutôt un problème de commande hydraulique dudit embrayage.
En l'absence de fuite, nous pensons que le maître cylindre (émetteur) est moribond.

Après démontage de la pédale d'embrayage et de l'émetteur, nous entreprenons une réparation à l'africaine avec du fil à coudre.






Pour pallier l'usure du joint de piston, l'idée est d'augmenter par un bobinage le diamètre de la portée afin que le joint soit étiré et que sa dilatation compense l'usure.

Ceci fait nous entreprenons la purge du circuit et après une grande bataille nous retrouvons la faculté de passer les vitesses. La précarité du dépannage nous incite à fuir vers la frontière au plus vite.

Après une petite heure, nous arrivons à Desaguadero, ville fontière.
Malheureusement pour nous, c'est un trou crasseux et dépourvu de tout. De fait, pas de garage ni concession, pas de station service opérationnelle, rien !
































La nuit tombant sur les rives du lac Titicaca nous partons à pied quérir un hôtel afin d'économiser l'embrayage.

Trois panneaux osent afficher "Hostal". Le premier visité est abandonné car pas de Wifi, le deuxième est accessible par un couloir qui ressemble à celui de la mort et c'est ainsi que nous nous retrouvons dans le troisième qui affiche pas moins de 5 étoiles.

Malheureusement, internet et wifi sont, comme le land, en panne.
Pas de pas de porte, pas de réception. L'entrée se fait par une grille le jour et un volet roulant la nuit. Dés lors, on pénètre dans une courte galerie carrelée et flanquée de quelques échoppes. Entre 2 d'entre elles, une pièce fait état de réception et de chambre pour le gardien.
Las et éreintés, désabusés et vaincus, nous nous installons dans ce bouge puis allons récupérer le land et avalons un morceau avant d'aller au dodo.


Mercredi 26 - Desaguadero.

Le réveil intervient de bonne heure à cause du vacarme et du froid.
Ainsi, vers 7h30, nous voilà dans la rue glacée.

Faute de service de restauration, nous nous retrouvons rapidement à 10m de la frontière où 2 femmes servent le petit déjeuner dans un container métallique aménagé.
En effet, une porte et une fenêtre ont été découpées dans la ferraille. A l'intérieur, une table branlante en bois et des bancs meublent les 3/4 de la surface. Le dernier quart est occupé par les 2 rampes à gaz, une table qui sert de comptoir, de caisse et de support pour le récipient type lessiveuse qui fait fonction d'évier.
La scène est indescriptible. Pour nous, un petit déjeuner d'anthologie, le dos contre la paroi froide, le ventre contre la table, emprisonnés par des boliviennes emmitouflées et engoncées tant il fait froid.
Café, lait, mate de coca sont disponibles avec pain maison et pour les plus affamés du fromage local.

Après le petit déjeuner, nous arpentons les rues qui tardent à s' éveiller attendant quelques degrés Celsius supplémentaires.




Au bout d'une heure, nous trouvons une "gomeria". Interrogé, le courageux propriétaire nous explique qu' il y a un "mécanico" en face de l'hôpital. Nous nous y rendons mais rien. 

Un homme prend le soleil devant sa maison. Nous le questionnons et surprise, le mécanicien c'est lui.
Point de garage, d'atelier, de pont ou autre mais il a quelques outils.

Les explications étant difficiles, nous repartons chercher le land pour éclairer nos propos.

Après avoir vérifié le niveau d'huile hydraulique et constaté que l'huile parvenait au récepteur, le mécano nous déclare que l'émetteur est mort. Etonnant non ? Commence alors le démontage tel que nous l'avons réalisé la veille.
S'en suit une discussion dantesque. Le mécano nous invite à franchir la frontière pour aller acheter le joint de piston au Pérou.
Nous parvenons à lui faire admettre qu' il serait plus raisonnable qu'il se charge de cette mission pour connaissance des lieux et de la langue à minima.
Il se laisse infléchir et c'est doté de 50 bolivianos qu'il part en vélo taxi chercher le graal.

Une heure trente plus tard, il est de retour mais bredouille. De fait, il nous annonce qu'il faut aller à La Paz. Nouvelle discussion et il est convenu qu'il passera me prendre à l'hôtel le lendemain à 5h30.

Il est 14h00, nous quittons le mécano pour aller déjeuner à pied car ce coup-ci, le land est immobilisé.





Jeudi 27 - Même endroit.

Le réveil sonne, il est 5h00.
Vingt cinq minutes plus tard je suis dans la rue. Il gèle et la petite bise n'arrange rien.
Les minutes s’égrainent. Je refuse poliment les offres des taxis et minibus qui essaient de faire le plein pour rentabiliser la course vers La Paz.

6h00, toujours rien, je sors les gants du sac à dos avant qu'il ne soit trop tard.

Si j'avais eu une adresse à La Paz, j'aurais pu tenter l'aventure seul, mais ce n'est pas le cas.

6h15 , je craque. Je sonne, le gardien vient m'ouvrir, je baragouine une excuse et retourne me coucher.

9h00 sylvie et moi partons à pied rejoindre le land. Petit déjeuner au "land hôtel" puis j'entreprends le démontage de l'émetteur  (3ème fois).





Rodé, les opérations progressent bien. Une demi heure plus tard, c'est terminé et j'entreprends d'utiliser le 2ème piston en ma possession pour tenter d'en faire un, opérationnel.

Un véhicule voulant contourner une déviation pour cause de travaux s'engage dans l'herbage où je travaille mais un fossé égoutier de 30 cm de profondeur interdit la manœuvre.
Le conducteur s'extirpe du véhicule et dépose pierres et bûches dans l'ornière pour pouvoir passer.
Remonté dans son véhicule, le futé s'engage, la voiture ripe et se pose sur le ventre.

Sans énervement ni saute d'humeur, l'infortuné tente de soulever sa voiture avec son cric mais c'est le cric qui s'enfonce. Voyant cela, je sors le cric gonflable du land et installe le sac sous la voiture plantée. Le conducteur intrigué cesse de planter son cric et vient voir de plus près.

Avec quelques gestes, nous lui expliquons la manœuvre. Il met son moteur en route, j'applique la buse sur son échappement tandis que Sylvie vérifie le gonflage du sac et son bon positionnement.
Tout est en ordre. Nous lui demandons d'accélérer et le véhicule se soulève de 40 cm.

Les femmes attroupées maintenant depuis quelques temps sont admiratives.
Quelques cailloux et branchages rajoutés et l'obstacle est franchi.

Quelques minutes plus tard, un jeune homme se présente et demande à voir le mécano. Du fait de son absence, il nous sollicite pour que nous lui prêtions une clef de 19. Après un court temps d' hésitation, il repart avec une douille de 19 et un cliquet.

Après quelques autres menus travaux, nous repartons déjeuner. En chemin, nous croisons le jeune qui venait nous rendre notre bien. Il est midi vingt.

Repas pris, nous retournons au chevet du land pour y attendre le mécanicien. Il est 13h45.
C'est vers 14h30 que d'un air détaché, il vient nous annoncer qu'il n'a rien trouvé.
N'ayant ni idée ni solution, je lui montre ce que nous avons fait durant la matinée.
C'est ainsi que nous entreprenons conjointement le remontage et l'échange du récepteur. Ceci fait, nous passons à la purge du circuit mais selon mes prescriptions (tuyau sur la vis de purge d'un côté et récipient avec lockeed de l'autre). Finie la rigolade.
Bizarrement, la pédale devient dure et le débrayage efficace.

Ainsi, vers 16h30, nous rejoignons ce qui nous sert d'hôtel sur 4 roues.

Encore une nuit à passer ici avant de s'élancer vers Puno.






NDLR : Bizarrement et malgré des altitudes comprises entre 2700m et 3850m les hôtels ne sont pas chauffés. Cochabamba, La Paz, Desaguadero, même combat.
Autant vous dire qu'il n'y fait pas chaud et que personnel et clientèle y séjournent avec manteaux, écharpes et autres.
Pour que le sommeil soit possible, les lits sont chargés de 2 à 4 couvertures qui pèsent comme un âne mort. Malheur à la main ou au bras qui échappe à la gangue protectrice.

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